Un mois de Fierté à Washington, malgré l'ambiance politique morose
La maire de la capitale américaine, Muriel Bowser, a surnommé sa ville "gayest US city", avec ses 14 % de résidents LGBTQ+.
14 % des résidents de Washington s’identifient à la communauté LGBTQ+. La capitale ne possède pas vraiment de gay neighborhood, ni de lieu emblématique lié aux luttes historiques pour les droits des personnes queers. Ce qui m’avait le plus surprise en arrivant ici, c’était de voir des drapeaux arc-en-ciel flotter sur les églises.

Malgré les tensions politiques croissantes aux États-Unis et les attaques répétées contre les droits LGBTQ+ dans plusieurs États, Washington DC entend bien célébrer le Mois des Fiertés avec éclat. La capitale fédérale, historiquement engagée dans la défense des droits civiques, propose tout au long de juin une programmation riche, inclusive et militante.
Le 7 juin, alors que la World Pride s’installait exceptionnellement à Washington, j’étais de mon côté en reportage photo sur un mariage – mon activité principale, qui paie les factures. Je n’ai donc pas pu couvrir l’événement comme je l’aurais aimé. Et pourtant, j’adore les Pride : ce sont toujours des instants vibrants, pleins de couleurs, d’émotions et de rencontres lumineuses.
Mais cette année, l’ambiance m’a semblé particulière. La ville s’est partiellement vidée, sans être remplacée par un afflux massif de visiteurs. Les rues fermées et la crainte des embouteillages ont peut-être découragé les habitant·es, tandis que certain·es voyageur·euses LGBTQ+ ont pu choisir de boycotter les États-Unis, dans un contexte politique jugé hostile. En tout cas, je m’attendais à voir bien plus de monde.
J’ai tout de même eu la chance de croiser le plus long drapeau LGBTQ+ du monde, qui serpentait dans les rues non loin de l’hôtel où je travaillais. Une apparition brève mais marquante, comme un rappel joyeux que même en marge, la Fierté s’invite partout.
Et ce n’est que partie remise : à la fin du mois de juin, ma ville du Maryland, Silver Spring, aura son propre défilé. Un événement plus local, mais tout aussi précieux pour célébrer la diversité et la visibilité queer dans nos communautés.
Cette année, les organisateurs insistent : la fête est aussi un acte de résistance. Les lois anti-trans, les censures de livres LGBTQ+ dans les écoles et les menaces contre les événements drag dans plusieurs États rappellent à quel point les acquis restent fragiles.
À Washington, les discours entendus pendant les festivités ont souligné l’urgence d’une mobilisation collective, à quelques mois d’une élection présidentielle décisive pour les droits civiques.